Lundi 6 juin, 15h30 : « De Charybde en Scylla »
Nous sommes depuis 4 jours coincés à Reggio de Calabria, dans le détroit de Messine, à la pointe de la botte italienne. Nous attendons que le vent soit bon et que la mer se calme pour partir vers le talon de l’Italie. Tous les autres bateaux au quai avec nous attendent la même chose. Chaque jour nous en voyons quitter le port puis revenir une ou deux heures après !! (Ils nous racontent qu’ils ont eu des vagues de 2 ou 3 mètres et 35 nœuds de vent de face !!) Nous choisissons de rester à l’abri jusqu’à ce que cela se calme. En attendant nous avons fait connaissance avec des français (1 cata et 2 mono). Nous prenons le café dans le cata de l’un puis apéro le soir dans le nôtre, et suivons avec intérêt la réparation du moteur du troisième. Entre temps nous avons le temps de visiter la ville et faire des courses pour remplir le frigo…tout cela en vélo ! (Pour tous ceux qui se demandaient si on ne s’ennuierait pas à bord, on peut vous répondre que non !! Ce matin, un des moteurs ne démarrait plus et il a fallu négocier 1h30 -en italien- avec les garde-côtes pour rester au port encore deux jours ...)
On a un franc succès avec ce moyen de transport de Clémentine
On trouve des choses étonnantes dans les supermarchés calabrais
Nous avons traversé le détroit de Messine du nord vers le sud. Nous comprenons mieux, et voulons bien croire à l’existence du mythe de Charybde et Scylla. Dans le détroit, avec parfois 25 à 30 nœuds de vent, nous avons rencontré des zones où l’eau « bouillonnait » suivies rapidement d’une mer d’huile et ainsi de suite. Nous avons croisé aussi plusieurs bateaux de pêche à l’espadon, avec un grand mât (jusqu’à 20m) pour y mettre le pilote qui repère les bancs et un bout dehors de 30m pour qu’un homme harponne les espadons dormant à la surface.
Les approches du Détroit de Messine
Les bateaux de pêche à l'espadon
Avant cela nous étions dans les îles éoliennes pendant une semaine (Stromboli, Salina, Lipari Vulcano). Nous y sommes restés à chaque fois une ou deux nuits. Toutes aussi belles les unes que les autres, ces îles volcaniques nous donnent l’impression d’être dans un autre monde : plages de sable noir, volcan(s) sur chaque île, et encore très peu de touristes.
Stromboli : le paradis après 24h de navigation (nuit très noire, sans lune, avec de gros nuages et des orages au loin) : mouillage sous le volcan fumant, premier bain depuis notre départ, balade au village, très joli et vraiment hors du temps.
Lever de soleil après une nuit en mer
Arrivée à Stromboli
Le mouillage (nous sommes tout à droite)
C'est parti pour la prochaine île, Salina
Salina : le plus beau village jusqu’ici, calme, peu touristique. Jolie île, fumante elle aussi, connue pour le malvasia (vin de malvoisie). Pas de photos, on avait oublié l’appareil ! Départ chahuté le matin car il y avait pas mal de vent, l’ancre était coincée et il a fallu plonger pour la libérer (par 7m de fond tout de même).
Lipari : nous avons passé deux jours sur un ponton (et non pas au mouillage), le luxe : wifi à bord (et donc skype avec parents/amis), eau et électricité à volonté, lessive, tout pour les réparations (repasser la drisse de spi qui était tombée dans le mât, changer le siège du moteur d’annexe, etc.). Jolie ville, joli musée archéologique, super pizzeria au bout du quai.
Musée archéologique de Lipari : un rêve pour les amateurs d'amphores antiques
Une ancre antique (musée archéologique de Lipari)
Vulcano : île étonnante : constituée de deux volcans assez « pelés », d’épines de lave érodées, elle fume une fumée jaune pleine de soufre à l’odeur caractéristique de couche de Clémentine. Sur un des mouillages, on trouve aussi des bains de boue chauds et des bulles d’air chaud dans la mer qui la chauffent au point de se brûler parfois quand on se baigne trop prêt d’un jet.
Un mouillage à Vulcano, au pied du Volcan
S’il n’y a pas beaucoup de touristes sur terre, il y a plus de plaisanciers que depuis le début de notre voyage. C’est amusant de comparer les habitudes des voiliers : nous croisons beaucoup d’allemands dans les ports, alors qu’au mouillage nous voyons plus de français…peut-être une question de budget ! (nous ne parlons même pas de la taille des bateaux qui diffère également !)
Un petit bilan après 1 mois et des poussières depuis le départ :
Moral : excellent, l’émotion liée au départ et aux conditions climatiques des premiers jours étant loin.
Santé : nous avons tous les deux mal au dos, mais sinon, cela va plutôt bien. Clémentine est couverte de bleus mais ne s’en plaint pas. Les tubes de crème solaire descendent vite.
Budget : in line with expectations.
Trajet : plus de distance parcourue que prévue ! 10 jours de retard sur le trajet théorique. Pour répondre à la question de certains, voici précisément le trajet parcouru depuis le départ, en bleu et en rouge, le trajet initialement prévu.
Ce qu’on aime : découvrir dans un nouvel endroit presque chaque jour, le poisson au barbecue et les apéros sur le pont, voir grandir Clémentine qui chaque jour découvre ou fait de nouvelles choses.
Ce qu’on n’aime pas : les plaisanciers qui s’épilent la moustache et se balade en slip sur le ponton devant votre bateau !
Le bateau : bien préparé (encore merci aux parents), nous avons toutefois tous les jours un petit quelque chose à réparer/changer.
Il fait maintenant assez chaud pour prendre le bain dehors
